lundi 26 novembre 2007

Morceaux

J'avais soudainement envie de vous raconter le tournage d'un film de quinze minutes réalisé au Cégep en 2003. Cette mésaventure que je peux aisément qualifier de formatrice m'a toujours paru riche en anecdotes amusantes et c'est pourquoi, lors de soirées bien arrosées, j'aime bien la partager avec un public vierge. Je dois néanmoins avouer que je préfère avant tout me la remémorer en compagnie de ceux ayant vécu cette histoire avec moi. Malgré le passage du temps, nos souvenirs demeurent frais et si jamais notre mémoire venait à s'effriter, notre imagination viendrait à notre rescousse.

Le projet de mettre à l'écrit ce moment important de ma vie me hante depuis fort longtemps. J'ai essayé à maintes reprises sans grand succès. En fait, le plus près d'un mémoire serait le bilan de tournage que j'avais remis à mon enseignante à la fin de la session. Il s'intitulait « Stuck in a Moment You Can't Get Out Of» et je crois bien toujours avoir sa version corrigée.

Je désirais donc profiter de cet espace-web pour rendre public ce récit. Bien sûr, je me serais frappé à quelques contraintes, j'aurais probablement changé quelques noms pour ne pas heurter la sensibilité de personne. Le plus grand handicap serait la longueur du texte. Je me suis effectivement pensé au nombre de souvenirs liés à cet événement et à la lourde impossibilité de tout raconter. En repensant à quelques moments-clés, d'autres plus anodins me sont revenus en tête, comme cette fille Marianne qui avait un nez croche et que je trouvais fort jolie. Mon premier geste était de faire le tri dans tout ça, mais je m'en suis avéré incapable. Si je dois raconter cette histoire au public d'étrangers que vous êtes, je dois tout mettre parce que chaque geste, parole et cri s'avèrent liés et forment un tout. Le résultat final serait, je crois, beaucoup trop long pour être présenté sur un blog.

Il y a toujours la possibilité d'en faire un roman ou quelque chose du genre. J'y songe sérieusement, mais encore là, où trouver le temps pour se lancer dans la rédaction de ce projet?

Peut-être qu'il s'agit simplement d'une histoire de soirée arrosée que, le jour où je vous renconterai, je vous raconterai devant l'une de ses sublimes bières blanches qu'ils vendent dans une brasserie sur la rue Laurier.

Vous voilà déçus, vous auriez bien aimé entendre un petit passage de ce récit. Je partage votre peine et c'est pour cela que je vous raconterai ce qui pourrait servir d'éventuelle conclusion.

Je me dirige vers l'Université pour un cours de cinoche bébête. Perdu dans une vague d'étudiants, une voix familière se rend à mes oreilles. Je croise alors celle qui fut ma scripte lors de ce tournage. Rendu près d'elle, elle me jette un coup d'oeil furtif. Je lis dans son regard qu'elle me reconnaît. Elle ne s'arrête pas pour autant pour m'adresser la parole, préférant continuer sa route avec ses copines. Il faut dire que nos rapports n'ont pas été des meilleurs depuis ce fameux tournage. Nous nous sommes mutuellement ignorés pendant un certain temps jusqu'à ce que nous perdions complètement contanct.

Une soirée, je reçu de sa part un courriel annonçant qu'elle avait eu un bébé avec son copain. Il faut comprendre que cette lettre ne m'était pas personnellement envoyée, il s'adressait plutôt à ceux se trouvant sur sa liste de contact, soit tout le monde et personne en même temps.

J'aurais bien aimé savoir de quelle classe elle revenait. En quoi pouvait-elle bien étudier ? Pas en cinéma, je l'aurais croisée dans un de mes cours et en plus, elle avait plusieurs fois mentionné qu'après l'obtention de son DEC, elle n'allait pas poursuivre dans le domaine.

Ce qui justement m'amène à cette fameuse conclusion. Quand nous avons mis les pieds au Cégep, nous voyons nos études comme une petite étape avant ques les portes d'Hollywood ne s'ouvrent à nous. Nous rêvions quotidiennement à la Palme d'or qui nous attendait tous dans les années à venir. Il faut dire que les enseignants nourrissaient ces idées folles en répétant que nous étions l'avenir du cinéma. On était jeune et prêt à croire n'importe quoi. Le Cégep était une bulle de verre nous protégeant du vrai monde et des difficultés de mettre le pied dans la tour imprenable qu'est le domaine. Je me souviens qu'en me réveillant le lendemain de notre dernier party de fin de session, je me suis alors demandé ce que j'allais bien pouvoir faire. J'étais toujours motivé à travailler dans le milieu du cinéma, mais j'allais devoir persévérer en affrontant plus de déceptions que de victoires.

Peu d'entre nous ont accepté ces conditions. Sur une quinzaine, seulement cinq étudiants ont continué d'avancer tranquillement dans le milieu.

Le cinéma est affreux, sale et frustrant.

Pour des raisons sado-masochistes, certains adorent ça.



3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est pas grave si ça me coute une bière ou deux, pis j'ai des billets de bières pendant le festival. Ra gna gna.

Isabelle

--- a dit…

Ben on se cachera pas qu'on le fait uniquement pour la bière ;)

Patrick a dit…

Aaaaaaaaaaahhhhhhh des tournages.... Bordel !