mercredi 1 juillet 2009

Une année sans lumière

Un mec me disait un jour qu'il avait entretenu un journal intime pendant plusieurs années. Chaque fois qu'il était en colère, il mettait toute sa rage par écrit. Éventuellement, il a abandonné ce projet et perdu l'objet dans les années qui passent. Il m'a expliqué qu'il aimerait croire en la valeur littéraire de son ouvrage, mais qu'au fond de lui, il doutait fortement que celle-ci existe réellement.

Il est mort hier soir.

En fait, pas réellement, il est à mes yeux décédé. Il a quitté la job et, par ce geste, notre seul contact. Non, je n'ai pas l'intention de le revoir, d'aller prendre un verre en sa compagnie pour me remémorer le bon temps. Il y a des personnes comme ça que, même si on apprécie leur présence dans un cadre professionnel, on se refuse à voir ailleurs. Ils cessent d'exister dans notre petit monde et on ose croire qu'il en va pareil pour nous. Parfois, ils reviennent à notre mémoire, le temps d'une anecdote comptée à une autre amitité avec expiration, mais ce n'est pas suffisant pour que nous prenne l'envie de les recontacter.

Pourtant, ce journal me fascine. Je me suis imaginé le trouver et le lire. Cela me procurerait une grande joie que de rentrer dans l'intimité colérique de cet homme. Peut-être comprendrais-je quelque chose que je n'ai jamais tenté de saisir à l'origine. Peut-être aurais-je une sorte de vision ou, mieux encore, une expérience intérieure me permettant d'enfin mieux saisir qui je suis réellement.

Peut-être, et c'est probablement le cas, que ce serait très chiant à lire.

lundi 25 mai 2009

Journal d'un voleur

Je suis allé hier me promener sur le Plateau Mont-Royal. C'était une belle journée de soleil. Le banc d'une terrasse m'a hébergé pendant quelques heures. Bien que l'envie d'une boisson alcoolisée me tentait, je me suis abattu sur une limonade que j'ai sirotée pendant plusieurs heures. Les passants sur la rue allaient à leurs occupations sans porter attention à mon regard de flâneur baudelairien. Aucun spleen ne m'a envahi, j'ai même eu l'impression de cesser d'exister, de me fondre dans l'environnement au point de me fusionner.

Je me sentais vachement bien. 

J'ai même continué à me sentir bien lorsque j'ai retrouvé mon appartement et que, sans raison, j'ai préféré me coucher immédiatement plutôt que d'étirer ma soirée jusqu'à très tard. 

Le marchand de sable a été clément cette soirée-là.