vendredi 2 mai 2008

Radio

Parlons un peu de l'émission version estivale.

Comme vous le savez probablement, Du riz et des fèves sera d'une durée d'une heure, vous aurez droit à une double ration. Je tiens à souligner que si je décide de continuer la série à l'automne, elle reprendra sa durée initiale d'une demi-heure. La raison est simple, je n'aurai pas le temps nécessaire pour produire hebdomadairement un projet de qualité. J'admet ne pas avoir plus de liberté dans les mois à venir, mais c'est tellement agréable de faire de la radio l'été que je veux en faire un maximum !

Une version d'une heure de l'émission va être un véritable défi. Trouver des récits pour chaque semaine risque d'être plutôt difficile. Ainsi, ne soyez pas surpris si je reviens au format initial d'une demi-heure en cours de route.

Voici cependant un petit « teaser » de la programmation estivale :

1- Comme la dernière qui traitait entièrement de la Fin, les émissions suivront désormais une thématique précise. Certains des sujets étudiés seront la Célébrité, la Mort, le Club vidéo et la Folie. Il est possible que les différents récits s'entrecroisent d'une émission à l'autre.

2- M'sieur Chose reviendra pour une histoire longue. Aux dernières nouvelles, il va bientôt pénétrer une maison où un drame va bientôt se produire. Il s'en sortira indemne, mais d'autres , vraisemblablement, souffriront.

3- Je devrai m'absenter pendent trois semaines. Du riz et des fèves ne sera pas annulée pour autant puisque des invités me remplaceront. Je ne crois pas qu'il est juste de priver les auditeurs d'une émission parce que l'animateur décide de prendre des vacances.

4- Un band devrait nous rendre visite.

Voilà ! La série estivale n'a plus de secret pour vous, à moins que...

samedi 26 avril 2008

Nod

Enfin les vacances scolaires ! Comme plusieurs de mes lecteurs étudiants, cette période ne signifie pas prélassement sous le soleil, mais plutôt surchage de travail n'ayant rien à voir avec les bancs de l'université.

La pause imposée par CHOQ me donne la chance de faire le plein d'histoires pour la saison prochaine. J'en profite également pour faire quelques lectures, comme achever Simulacres et simulation de Jean Baudrillard qui me paraît plutôt complexe.

Je n'ai pas l'intention de vous parler de cet ouvrage fascinant. À la place, je vais me rappeler de Bart. Pas le seul fils de la famille Simpson, plutôt le gros labrador qui partageait son prénom. Le décès d'un animal de compagnie surprend toujours puisque c'est à ce moment que l'on découvre l'attachement que l'on porte pour l'ami à quatre pattes. Contrairement à ce que certaines personnes prétendentm il ne s'agit pas d'un meuble mobile, mais plutôt un membre de la famille, un orphelin canin qui nous a fait cadeau de son affection et sa fidélité. En s'inscrivant dans notre quotidien, on en vient parfois à ne plus tenir compte de sa présence. Pas qu'on l'oublie, je dirais plutôt qu'il devient naturel d'avoir l'animal dans nos jambes à chaque instant. Quand le chien meurt, on se dit que l'on en achètera un autre tout en sachant que la relation avec son successeur ne sera jamais la même.

Mon plus beau souvenir de Bart est ce tournage fait pour le cégep il y a environ cinq ans. Nous avions emprunté la maison de mes grands-parents pour utiliser leur cuisine et bien sûr, le chien se mêlait à l'équipe. Il ne nous dérangeait guère, se couchait à mes pieds lorsque je dirigeais mes collègues ou tournait autour de notre comédienne. Une soirée où l'un des acteurs devait hurler en se frappant contre le four, nous avons cru bon d'enfermer Bart dans le garage. La scène terminée, je me suis empressé d'aller retrouver mon chien qui tremblait de peur. Entendant les cris, il croyait que l'un de nous était dans le pétrin et il ne pouvait venir à l'aide.

Lors d'une scène extérieure, ma grand-mère nous avait ordonné d'amener Bart avec nous. Dommage que personne n'a pris notre groupe en photo, c'était plutôt comique à voir.

Au montage, le beau labrador eut droit à une mention au générique pour « Support moral ». Notre enseignante avait réalisé un vidéo montrant tous les élèves travaillant et j'étais plutôt fâché de constater que Bart n'y figurait pas. Il était un membre à part entière de l'équipe en nous faisant rire régulièrement.

Merci Bart, t'étais un bon chien.

lundi 21 avril 2008

Dante


Les fins de session produisent quelques petits bonheurs, comme celui d'explorer une fois de plus La Divine Comédie de Dante. Malgré la fatigue, je prend plaisir à terminer mon semestre en plongeant à nouveau dans ce texte que je chéris. On connaît la richesse d'une oeuvre par le nombre de lectures que l'on peut en faire. Il me semble que celle du Florentin éperdu de sa Béatrice se plie à une multitude d'interprétations.

Dans le cadre de mon émission Du riz et des fèves, j'ai mentionné mon affection pour La Vie nouvelle, un poème magnifique de Dante. Peut-être que cet été, j'aurai le courage d'explorer les sept cercles de l'Enfer et de vous guider, chers lecteurs, vers les étoiles.

Pour le moment, j'écris avec mon chat ronronnant à mes côtés.




vendredi 11 avril 2008

Babel

Putain de rush, si mon dos ne plie pas sous le poids des DVDs, c'est sous celui des livres. Mon entourage se résume à un écran de lumière éclairant mes nuits et à une bibliothèque aux ouvrages dispersés un peu partout. Heureusement que j'aime les bouquins et que leur compagnie ne me déplait pas. Il y a même quelque chose de stimulant à se dire que Eco, Barthes et Baudrillard sont à mes côté pour traverser cette épreuve. La caféine demeure absente de mon organisme puisque la fâtigue apporte de l'inspiration très tard dans la soirée. Je dors également beaucoup trop, ce qui me fait perdre un peu de temps. N'empêche que je demeure ainsi en bonne forme physique et mental.
Le plus grand danger de l'élève est la distraction. Dans mon cas, je me vois dangereusement tenté d'aller lire des ouvrages n'ayant pas de lien avec les sujets que j'étudie. Je plonge donc dans des romans courts, de préférence des policiers, pour me faire oublier la dureté de mes études. Tenter de résoudre une enquête politique n'est pas très différent de l'analyse cinématographique ou littéraire. On se trouve face devant un problème à résoudre présentant des indices pouvant aider ou induire en erreur. Il s'avère possible de se trouver sur une fausse piste et également d'obtenir une conclusion inattendue. Tiens, finalement, lire Sherlock Holmes n'est pas une si mauvaise idée !
Sur le sujet des policiers, mes ambitions d'écrivain amateur m'ont souvent poussé à tenter d'en rédiger un. Jusqu'ici, rien de concret n'a été produit, mis à part quelques nouvelles et ébauches. Je pourrais éventuellement les mettre en ligne pour votre bon plaisir, mais cela impliquerait retranscrire ces textes écrits à la main et, par le fait même, me relire, une activité que je déteste !
J'ai cependant eu un flash récemment, assez tentant d'ailleurs. Je me suis imaginé la quatrième couverture d'une suite d'un roman policier qui ressemblerait à quelque chose comme ceci :
« Amon Wantell s'est trompé. Il le sait. Caroline Tremblay n'a pas assassiné sa soeur. Alors qu'il retourne à Val-David pour reprendre son enquête, le véritable assassin sévit de nouveau. Wantell devient alors pourchasser par un mystérieux inconnu portant, évidemment, des talons hauts. »
Ça ferait peut-être une bonne histoire pour Du riz et des fèves, c'est à considérer.
Parlant de cette émission, j'ai appris hier que plus 7 000 personnes l'avait téléchargée au cours de la session d'hiver 2008, merci énormément !
Reviendrais-je cet été ? Peut-être bien, ça va dépendre de notre ami M'sieur Chose.

lundi 31 mars 2008

It's the season of the year

... où un lundi soir, on se trouve devant son écran d'ordinateur à taper plus ou moins n'importe quoi sur un sujet auquel on ne voue aucun intérêt. Soudainement, tout devient propice à la distraction. On se branche à MSN simplement pour voir qui s'y trouve et on engage immédiatement une conversation. On visite ensuite sur Youtube pour visionner un épisode de Spider-Man puis l'on part à la recherche de cette chanson dont on a oublié le titre sur Limewire. Les visites vers le réfrigérateur ou la toilette deviennent de plus en plus fréquents. On écoute à moitié les lignes ouvertes, on trouve les commentaires des auditeurs vides mais à quelque part, on envie leur liberté en rêvant un instant d'une vie simple loin des livres. On se dit que ça ferait un putain de beau billet sur ce blogue que l'on néglige beaucoup trop. On s'attaque à cet article que l'on trouve génial puis on jette un coup d'oeil à l'heure. Il est 1:38 du matin, la moitié du torchon est faite, on sait plus moins où on s'en va pour la suite, mais encore faut-il le faire. On soupire un instant en se disant que quand il faut y aller...

Ouaip... c'est bien la fin de session....

mardi 4 mars 2008

Autobiographie

J'en ai peut-être déjà parlé ici, mais pourquoi s'attend-on à ce que les utilisateurs du web soient honnêtes ? Nous habitons dans un univers où pour connaître quelqu'un, nous allons vérifier ce que cette personne dit d'elle-même sur son blog et son compte Facebook. On croit fermement qu'un individu n'oserait pas mentir sur un lieu aussi fréquenté que l'Internet.

Voyons donc, 2000 ans de littérature ne nous ont pas démontré que l'écrivain, même en tentant d'être le plus véridique, sera porté à mentir ? Dans Les carnets du sous-sol, Dostoïevski dénonce Rousseau d'être malhonnête dans ses Confessions en transformant ou éliminant tout simplement certains passages. Nous avons je ne sais combien d'événements rapportés dans des autobiographies contredits par des experts ou, encore mieux, des proches des auteurs. Pourquoi oublions-nous cette leçon lorsque nous passons des livres à l'écran ? Surtout lorsque l'on sait pertinemment que l'anonymat règne le Net, que n'importe qui peut se dissimuler derrière un pseudonyme dans le but de s'inventer une vie. Mais semblerait que ce soit très différent lorsque que quelqu'un fait usage de son véritable nom...

D'où vient cette confiance aveugle ? Est-ce parce que les utilisateurs du Web sont généralement honnêtes sur Internet ? Je lisais un blog il y a quelques minutes où la webmestre expliquait que son copain sentait le citron. Pourquoi nous laisse-t-elle pénétrer dans son intimité si vivement ?

Je n'ai pas de réponse et je vous invite à me les apporter en disant, de préférence, la vérité...


samedi 9 février 2008

Exclusif

Je viens d'ouvrir un groupe dédié à Du riz et des fèves sur Facebook.

Vous y trouverez des versions annotées de chaque émission.

vendredi 8 février 2008

Sauve qui peut (la vie)

Je parlais il y a quelques semaines de Facebook, site web dont je refusais de devenir membre pour des raisons sociologiques. Un engagement professionnel m'a obligé de me joindre à cette grand communauté virtuelle et de plonger dans cette folie qui tient de sujet à ô combien de conversations ces derniers temps.

D'ailleurs, je garde ma position concernant le pathétisme des retrouvailles faites par l'entremise de ce site. Si j'ai effectivement repris contact avec de vieilles connaissances, notre rapport se limite souvent à simplement se rajouter à son réseau d'amis. Je me rends ainsi compte que je communique principalement avec les personnes que je côtoie quotidiennement plutôt qu'avec ces potes à qui je n'ai pas adressé la parole depuis des années. Il y a bien sûr quelques exceptions qui ne font finalement que confirmer mon affirmation.

En fait, ce qui s'avère beaucoup plus intéressant à étudier demeure ces personnes avec qui nous n'avons tout simplement pas envie de reprendre contact. Pour diverses raisons souvent désagréables, on apprécie que la route de la vie nous aille envoyer dans des directions opposées et, si jamais elle voulait que l'on se croise à nouveau, on changerait volontiers de trottoir. Par contre, on se demande parfois ce qu'ils sont devenus et, évidemment, on hésite pas une seconde à les rechercher sur Facebook.

C'est pou ces raisons que j'ai découvert le profil d'un vieux collègue au Cégep. Nous nous étions laissés en très mauvais termes, au point tel que l'on ne s'adressait même plus la parole lors de notre dernière session ensemble. Les tournages de film étudiant, j'en ai déjà parlé ici, peuvent drastiquement détruire des amitiés éphémères. Bien que je n'avais eu aucune nouvelle de lui depuis une éternité, rien ne pouvait me préparer au choc qui allait suivre. Il avait quitté Montréal, pas étonnant puisqu'il détestait la métropole, et avait repris les études. Ce détail me surpris : il détestait l'école et nous annonçait qu'il allait devenir caméraman dès qu'il mettrait la main sur son DEC. Il a donc décidé de changer de parcours pour étudier... la linguistique !!! Le mec que je connaissais était paresseux, le maître du moindre effort et le voilà à étudier les origines du langage ? Pire encore, lui, le célibataire le plus endurci de la planète se trouve désormais «In a relationship» avec une dénommée Marie ? Le mec a véritablement changé. Ce n'est tout simplement plus la même personne. À vrai dire, j'ai même cru un instant me tromper de profil puisqu'au lieu d'une photo se trouvait un dessin lui ressemblant plus ou moins. Ses goûts en musique et en cinéma ont néanmoins confirmé mes doutes.

En jetant un coup d'œil à sa liste d'amis, je découvre qu'il n'a vraisemblablement conservé aucun contact avec aucun de mes proches. Il a donc complètement effacé deux ans de sa vie, allant même jusqu'à changer de ville pour recommencer à neuf. Admirable pour lui, troublant pour moi qui ne peut s'empêcher de me sentir comme un intrus espionnant de loin quelqu'un que je croyais connaître.

dimanche 27 janvier 2008

Pleurs

Pas réellement une histoire, plutôt une constatation.

N'importe qui ayant pris le métro à Montréal, ou dans n'importe quelle autre ville, a inévitablement croisé quelqu'un assis sur un band en train de verser de chaudes larmes. Alors que je me rendais à CHOQ mardi, je suis passé à côté d'une jeune dame tenant son cellulaire d'une main et un mouchoir de l'autre. Son coeur venait peut-être de se briser, mais ne sautons pas à d'hâtives conclusions.

Il s'agit probablement d'une peine si grande qu'elle effrite la notion d'intimité, nous poussant l'exprimer sans pudeur aux yeux de tous. La pauvre fille se voyait comme frappée par la foudre, explosant en pleurs sans se soucier du regard des autres.

Ou alors, peut-être qu'elle désirait au contraire attirer l'attention d'un inconnu. Il est possible qu'elle recherchait le confort d'un étranger en exposant ouvertement ses blessures.

Comme la plupart des passants cette soirée, je ne le saurai jamais. Égoïste, je ne voulais pas avoir mon propre moral brisé et j'ai simplement continué mon chemin.

lundi 21 janvier 2008

Radio

Du riz et des fèves sera désormais diffusé tous les mardis soirs à CHOQ.FM à 23h. Vous pourrez ensuite écouter l'émission sur Podcast quand bon vous semblera.

Si vous avez des anecdotes que vous aimeriez que je raconte en ondes, envoyez-les moi par courriel.

mercredi 9 janvier 2008

Décennie

Il y a dix ans de ça, c'était la fameuse tempête de verglas. Si vous ne savez pas de quoi je parle, vous n'êtes pas Québécois. Nous possédons un bel éventail de désastres écologiques comme les inondations du Lac Saint-Jean. J'étais tout jeune à l'époque et à chaque matin, je me ruais vers le radio pour apprendre si mon école était fermée ou non. Mon père me répondait toujours par la négative, sauf un matin où il ne m'a tout simplement pas réveillé. J'ai compris alors que la fin de semaine allait durer plus longtemps que prévue.

Deux de mes amis l'ont appris en se rendant à l'école à pied. L'autobus n'arrivant pas, ils ont pris la décision de faire le trajet à pied. Ce qui ne devait prendre que quelques minutes a demandé pas loin d'une heure. Ils prétendent qu'ils ne sont pas tombés une seule fois malgré les trottoirs glissants et ma foi, pourquoi pas ! Lorsqu'ils arrivent enfin face au collège, ils remarquent que personne ne se trouve devant le bâtiment. Ils tentent d'ouvrir plusieurs portes, mais elles sont toutes barrées. Ils se regardent avec un mélange d'extase et un incontrôlable sentiment de victoire. Ils pouvaient enfin revenir dans leur demeure pour jouer au Sega CD. Un hit à l'époque était la chanson-thème des Boys d'Éric Lapointe. Comme le dit souvent un de mes deux amis, ça fittait bien avec le moment.

Une expérience très forte en terme de cinéphilie a eu lieu lors de cette tempête. Pendant plusieurs jours, les chaînes de télévisions diffusaient en boucle des informations sur la tempête. Lorsque les événements se calmèrent un peu, ils décidèrent de présenter des films tard le soir, question de changer les idées du peuple apeuré. TVA eu la très étrange idée de jouer le remake de Night of the Living Dead. Étant fasciné par le cinéma d'horreur, j'applaudissais cette initiative et dévorait le film jusqu'à ce que la terreur m'envahisse complètement. Venant tout juste de voir des heures d'actualités montrant le Québec en détresse, je m'identifiais avec ses personnages en prise avec une incontrôlable force de la nature. Je n'ai jamais été capable de le visionner jusqu'au bout, préférant l'humour de Beavis et Butt-Head disponible sur une chaîne canadienne. Je pris une marche très tard dans la soirée, craignant que dans le brouillard, quelques zombies pouvaient se cacher.

jeudi 3 janvier 2008

Suicide

Travailler dans un club vidéo m'a permi de retrouver parmi mes clients quelques camarades du secondaire. Certains étaient au Cégep, d'autres sur le marché du travail ou encore à l'école pour adultes. Il y avait quelque chose de fascinant à pouvoir contempler concrètement des parcours de vie en train de se façonner. Certes, on pouvait s'imaginer sans peine le destin de la majorité des adolescents que nous fréquentions à l'école secondaire. Les revoir ne faisait que confirmer nos croyances.

Une soirée, un ancien collègue de classe m'informe de ses occupations ainsi que celles d'amis communs. Avant de quitter, il se retourne vers moi : « Ah ouais, j'oublais, tu te souviens de Berthier ? »

- Ouais, bien sûr !

- Ben il est plus là !

- Quoi ?

- Il est plus là, il a sauté du haut d'une fenêtre.

Je ne crois pas que personne ne pouvait détester Berthier. Il avait tout du bon gars : drôle, charismatique et porteur d'un rêve que l'on aimait partager avec lui. Il voulait devenir rapper professionnel et faisait ses premiers pas dans un milieu relativement fermé aux Blancs. Il avait de l'expérience de scène et contemplait la possibilité d'enregistrer un album avec ses amis. Il avait rencontré un producteur intéressé mais, vu le minuscule montant offert, il craignait de se faire escrocrer.

Les raisons derrières sa mort s'imaginaient sans peine : les choses ne s'étant pas déroulées comme prévues, il avait probablement préféré tout abandonner plutôt que de perséverer. Entre deux clients, j'ai eu une pensée pour cet ado qui, comme tant d'autres, comme moi d'ailleurs, rêvait de célébrité pour échapper à la médiocrité du quotidien.

Environ un an plus tard, je déambule dans les rues de mon quartier. Je viens de finir un shift de soir au club vidéo et me dirige chez une fille pour qui j'ai le béguin. Je m'arrête dans un dépanneur pour me procurer une boisson gazeuse et qui se trouve derrière la caisse, Berthier ! Il a énormément changé depuis la dernière fois où je l'ai vu. Il a pris énormément de poids, mais ce que je remarque immédiatement est son nouveau regard. La lumière d'espoir a disparu complètement de ses yeux pour être remplacé par un ennui assumé. Une chose me chicote quand même, qu'est-ce qu'il fait là à me vendre du fromage en crotte ? Ne devrait-il pas plutôt se trouver dans le cimetière situé, ironiquement, de l'autre côté de la rue ? Trop gêné pour demander quelques éclaircissements, je ne fais que le saluer poliment avant de quitter le petit commerce.

Dehors, les pensée se bousculent : il n'a peut-être fait qu'une tentative et a survécu, il doit travailler la nuit pour fuir ses démons, ce qui explique son tin déprimé, on s'est peut-être foutu de ma gueule aussi... Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais eu de réponse à mes questions. Rien n'a réussi à effacer cette impression d'avoir passé quelques minutes en compagnie d'un fantôme.