mercredi 1 juillet 2009

Une année sans lumière

Un mec me disait un jour qu'il avait entretenu un journal intime pendant plusieurs années. Chaque fois qu'il était en colère, il mettait toute sa rage par écrit. Éventuellement, il a abandonné ce projet et perdu l'objet dans les années qui passent. Il m'a expliqué qu'il aimerait croire en la valeur littéraire de son ouvrage, mais qu'au fond de lui, il doutait fortement que celle-ci existe réellement.

Il est mort hier soir.

En fait, pas réellement, il est à mes yeux décédé. Il a quitté la job et, par ce geste, notre seul contact. Non, je n'ai pas l'intention de le revoir, d'aller prendre un verre en sa compagnie pour me remémorer le bon temps. Il y a des personnes comme ça que, même si on apprécie leur présence dans un cadre professionnel, on se refuse à voir ailleurs. Ils cessent d'exister dans notre petit monde et on ose croire qu'il en va pareil pour nous. Parfois, ils reviennent à notre mémoire, le temps d'une anecdote comptée à une autre amitité avec expiration, mais ce n'est pas suffisant pour que nous prenne l'envie de les recontacter.

Pourtant, ce journal me fascine. Je me suis imaginé le trouver et le lire. Cela me procurerait une grande joie que de rentrer dans l'intimité colérique de cet homme. Peut-être comprendrais-je quelque chose que je n'ai jamais tenté de saisir à l'origine. Peut-être aurais-je une sorte de vision ou, mieux encore, une expérience intérieure me permettant d'enfin mieux saisir qui je suis réellement.

Peut-être, et c'est probablement le cas, que ce serait très chiant à lire.

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